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L’ÉCLAT D’OBUS

diat, absolu. Où était-elle ? Devant moi ? À droite ? À gauche ? Comment se pouvait-il qu’aucun bruit ne me révélât sa présence ou son départ ? L’explication m’en fut donnée lorsque, après avoir retrouvé et rallumé ma lanterne électrique, j’aperçus à terre ses deux sabots qu’elle avait laissés pour prendre la fuite. Depuis, je l’ai cherchée, mais vainement. Elle a disparu. »

Paul avait écouté le récit de son beau-frère avec une attention croissante.

Il lui demanda :

— Alors tu as vu sa figure ?

— Oh ! très distinctement. Une figure énergique… des sourcils et des cheveux noirs… un air de méchanceté… Quant aux vêtements, une tenue de paysanne, mais trop propre et trop arrangée, et qui sentait le déguisement.

— Quel âge environ ?

— Quarante ans.

— Tu la reconnaîtrais ?

— Sans hésitation.

— Tu m’as parlé de fichu ? De quelle couleur ?

— Noire.

— Fermé, comment ? Par un nœud ?

— Non, par une broche.

— Un camée ?

— Oui. un large camée encerclé d’or. Comment sais-tu cela ?

Paul garda le silence assez longtemps et murmura :

— Je te montrerai demain, dans une des pièces du château d’Ornequin, un portrait qui doit avoir avec la femme qui t’a accosté une ressemblance frappante, la ressemblance qui