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L’ÉCLAT D’OBUS
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« — De nom seulement, ai-je répliqué.

« Et vraiment je n’aurais su dire pourquoi je répliquai ainsi et pourquoi, ensuite, je continuai la conversation de manière qu’elle ne devinât pas mon étonnement.

« — Il a été nommé sergent et cité à l’ordre du jour, c’est comme cela que j’ai entendu parler de lui. Voulez-vous que je m’enquière et que je vous conduise ?

« — Pas encore, fit-elle, pas encore, j’aurais trop d’émotion.

« Trop d’émotion ? cela me paraissait de plus en plus équivoque. Cette femme qui te recherchait si avidement et qui retardait le moment de te voir !

« Je lui demandai :

« — Vous vous intéressez beaucoup à lui ?

« — Oui, beaucoup.

« — Il est de votre famille, peut-être ?

« — C’est mon fils.

« — Votre fils !

« Sûrement, jusqu’ici, elle n’avait pas soupçonné une seconde que je lui faisais subir un interrogatoire. Mais ma stupeur fut telle qu’elle recula dans l’ombre comme pour se mettre en état de défensive.

« J’avais glissé la main dans ma poche et saisi la petite lanterne électrique que je porte toujours sur moi. J’appuyai sur le ressort et je lui jetai la lumière en plein visage, tout en m’avançant vers elle. Mon geste la déconcerta et elle demeura quelques secondes immobile. Puis violemment elle rabattit un fichu qui lui couvrait la tête, et, avec une vigueur imprévue, elle me frappa le bras de telle sorte que je lâchai ma lanterne. Et ce fut le silence immé-