d’un vieux chêne et s’installa parmi les branches, à une hauteur qui surplombait la route de quelques mètres. Presque aussitôt, l’auto apparut. C’était bien une auto blindée, formidable et monstrueuse sous sa carapace, mais d’un modèle assez ancien qui laissait voir, au-dessus des plaques d’acier, le casque et la tête des hommes.
Elle avançait à vive allure, prête à bondir en cas d’alerte. Les hommes courbaient le dos. Paul en compta une demi-douzaine. Deux canons de mitrailleuses dépassaient.
Il épaula son fusil et visa le conducteur, un gros Germain dont la figure écarlate semblait teintée de sang. Puis, posément, à l’instant propice, il tira.
— Chargez, les gars ! cria-t-il en dégringolant de son arbre.
Mais il ne fut même pas besoin de donner l’assaut. Le conducteur, frappé à la poitrine, avait encore eu la présence d’esprit de freiner et d’arrêter sa voiture. Se voyant cernés, les Allemands levèrent les bras.
— Kamerad ! Kamerad !
Et l’un d’eux, sautant de l’auto après avoir jeté ses armes, se précipita vers Paul :
— Alsacien, sergent ! Alsacien de Strasbourg ! Ah ! sergent, il y a assez de jours que je le guette, ce moment-là !
Tandis que ses hommes conduisaient les prisonniers dans le village, Paul, en toute hâte, interrogea l’Alsacien :
— D’où vient l’auto ?
— De Corvigny.
— Du monde à Corvigny ?