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L’ÉCLAT D’OBUS

Toutes les recherches de Paul, dans l’église et dans le village, furent inutiles. Cependant, sur une des marches de l’escalier, non loin de l’endroit où il s’était jeté sur l’espion, il ramassa le poignard avec lequel son adversaire avait essayé de le frapper.

Ce poignard était exactement semblable à celui qu’il avait ramassé dans l’herbe trois semaines plus tôt, devant la petite porte des bois d’Ornequin, La même lame triangulaire. Le même manche en corne brune, et, sur ce manche, les quatre lettres : H. E. R. M.

L’espion et la femme qui ressemblait si étrangement à Hermine d’Andeville, la meurtrière de son père, se servaient tous deux d’une arme identique.


Le lendemain, la division dont faisait partie le régiment de Paul continuait son offensive et entrait en Belgique après avoir culbuté l’ennemi. Mais le soir le général recevait l’ordre de se replier.

La retraite commençait. Douloureuse pour tous, elle le fut peut-être davantage pour celles de nos troupes qui avaient débuté par la victoire. Paul et ses camarades de la troisième compagnie ne dérageaient pas. Durant la demi-journée passée en Belgique ils avaient vu les ruines d’une petite ville anéantie par les Allemands, les cadavres de quatre-vingts femmes fusillées, des vieillards pendus par les pieds, des enfants égorgés en tas. Et il fallait reculer devant ces monstres !

Des soldats belges s’étaient mêlés au régiment et, leur visage gardant l’épouvante des visions infernales, ils racontaient des choses