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L’ÉCLAT D’OBUS

mais impressionné cependant par le sang-froid de Paul, et vous connaissez un moyen ?

— Oui, mon colonel.

— Expliquez-vous.

— Donnez-moi vingt minutes, mon colonel, et dans vingt minutes les obus changeront de direction.

Le colonel ne put s’empêcher de sourire.

— Parfait ! Et sans doute vous les ferez tomber où vous voudrez ?

— Oui, mon colonel.

— Sur le champ de betteraves qui est là-bas, à quinze cents mètres à droite ?

— Oui, mon colonel.

Le capitaine d’artillerie, qui avait écouté la conversation, plaisanta à son tour :

— Pendant que vous y êtes, caporal, puisque vous m’avez déjà fourni l’indication de la distance, et que je connais à peu près la direction, ne pourriez-vous me préciser cette direction afin que je règle exactement mon tir et que je démolisse les batteries allemandes ?

— Ce sera plus long et beaucoup plus difficile, mon capitaine, répondit Paul. J’essaierai cependant. À onze heures précises, vous voudrez bien examiner l’horizon, du côté de la frontière. Je lancerai un signal.

— Lequel ?

— Je l’ignore. Trois fusées sans doute…

— Mais votre signal n’aura de valeur que s’il s’élève au-dessus même de la position ennemie…

— Justement.

— Et pour cela il faudrait la connaître…

— Je la connaîtrai.

— Et s’y rendre…