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L’ÉCLAT D’OBUS
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Le renseignement peut avoir une valeur.

Son calme confondit le colonel, qui s’exclama :

— Crebleu ! et si ça avait éclaté ?

— Bast ! mon colonel, qui ne risque rien…

— Évidemment… mais, tout de même, c’est un peu raide. Comment vous appelez-vous ?

— Delroze, Paul, caporal à la troisième compagnie.

— Eh bien, caporal Delroze, je vous félicite de votre courage, et je crois bien que vos galons de sergent ne sont pas loin. En attendant, un bon conseil : ne recommencez pas ce coup-là…

Sa phrase fut interrompue par l’explosion toute proche d’un shrapnell. Un des hommes de liaison tomba, frappé à la poitrine, tandis qu’un officier chancelait sous la masse de terre qui l’éclaboussa.

— Allons, dit le colonel, quand l’ordre fut rétabli, il n’y a rien à faire qu’à courber la tête sous l’orage. Que chacun se mette à l’abri le mieux possible, et patientons.

Paul Delroze s’avança de nouveau.

— Pardonnez-moi, mon colonel, de me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais on pourrait, je crois, éviter…

— Éviter la mitraille ? Parbleu ! je n’ai qu’à changer de position une fois de plus. Mais comme nous serons repérés aussitôt… Allons, mon garçon, rejoignez votre poste.

Paul insista :

— Peut-être, mon colonel, ne s’agirait-il pas de changer notre position, mais de changer le tir de l’ennemi.

— Oh ! oh ! fit le colonel un peu ironique,