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L’ÉCLAT D’OBUS

nouvelle attaque. Le colonel s’obstina. En une heure, il y eut trente hommes hors de combat. Un des canons fut démoli.

Et il n’était que neuf heures.

— Cré bon sang ! s’écria le colonel, comment peuvent-ils nous repérer de la sorte ? Il y a de la sorcellerie là-dessous !

Il se dissimulait, avec ses commandants, avec le capitaine d’artillerie et avec quelques hommes de liaison, derrière un talus par-dessus lequel on découvrait un assez vaste horizon de plateaux onduleux. Non loin, à gauche, un village abandonné. En avant, des fermes éparses, et, sur toute cette étendue déserte, pas un ennemi visible. Rien qui pût indiquer d’où provenait cette pluie d’obus. Vainement les 75 avaient « tâté » quelques points. Le feu continuait toujours.

— Encore trois heures à tenir, grogna le colonel, nous tiendrons, mais le quart du régiment y passera.

À ce moment un obus siffla entre les officiers et les hommes de liaison et se ficha en pleine terre. Tous ils eurent un mouvement de recul dans l’attente de l’explosion. Mais un des hommes, un caporal, s’élança, saisit l’obus et l’examina.

— Vous êtes fou, caporal ! hurla le colonel. Lâchez donc ça et presto.

Le caporal remit doucement le projectile dans son trou, puis, en hâte, il s’approcha du colonel, réunit les talons et porta la main à son képi.

— Excusez-moi, mon colonel, j’ai voulu voir sur la fusée la distance à laquelle se trouvaient les canons ennemis. 5 kilomètres 250 mètres.