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L’ÉCLAT D’OBUS
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sités individuelles, qu’il éprouva au contraire une sorte d’apaisement à recevoir ainsi du dehors l’ordre qui lui dictait sa conduite. Aucune hésitation possible.

Le devoir était là : partir.

Partir ? En ce cas, pourquoi ne pas partir immédiatement ? À quoi bon rentrer au château, revoir Élisabeth, chercher une explication douloureuse et vaine, accorder ou refuser un pardon que sa femme ne lui demandait pas, mais que la fille d’Hermine d’Andeville ne méritait point ?

Devant la principale auberge une diligence attendait qui portait cette inscription :

Corvigny-Ornequin — Service de la gare

Quelques personnes s’y installaient. Sans plus réfléchir à une situation que les événements dénouaient à leur manière, il monta.

À la gare de Corvigny, on lui dit que son train ne partait que dans une demi-heure et qu’il n’y en avait plus d’autre, le train du soir, qui correspondait avec l’express de nuit sur la grande ligne, étant supprimé.

Paul retint sa place, et puis, après s’être renseigné, il retourna en ville jusqu’au bureau d’un loueur de voitures qui possédait deux automobiles.

Il s’entendit avec ce loueur, et il fut décidé que la plus grande de ces automobiles irait sans retard au château d’Ornequin et serait mise à la disposition de Mme  Paul Delroze.

Et il écrivit à sa femme ces quelques mots :


« Élisabeth,

« Les circonstances sont assez graves pour que je vous prie de quitter Ornequin. Les voyages