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L’ÉCLAT D’OBUS

Visage de parent ? Visage de frère inconnu, de frère jumeau ? »

Et il songea :

— Après tout, est-ce que je ne me trompe pas ? Ne suis-je pas victime d’une hallucination, si naturelle dans la crise que je traverse ? Qui m’assure qu’il y a le moindre rapport entre le passé et le présent ? Il me faudrait une preuve.

Cette preuve elle se trouvait à la disposition de Paul, et si forte qu’il lui fut impossible de douter plus longtemps.

Ayant avisé dans l’herbe les débris du poignard, il en ramassa le manche.

Sur la corne de ce manche, quatre lettres étaient gravées comme au fer rouge, un H, un E, un R et un M.

H. E. R. M.… les quatre premières lettres d’Hermine !


… C’est à ce moment, comme il contemplait les lettres qui prenaient pour lui une telle signification, c’est à ce moment — et Paul ne devait jamais l’oublier — que la cloche d’une église voisine se mit à tinter de la façon la plus étrange, tintement régulier, monotone, ininterrompu, à la fois allègre et si émouvant !

— Le tocsin, murmura-t-il, sans attacher à ce mot le sens qu’il comportait.

Et il ajouta :

— Quelque incendie probablement.

Dix minutes plus tard Paul réussissait, en utilisant les branches débordantes d’un arbre, à franchir le mur. D’autres bois s’étendaient, que traversait un chemin forestier. Il suivit sur ce chemin les traces de l’automobile et, en une heure, parvint à la frontière.