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L’ÉCLAT D’OBUS

avait contourné une dépression encombrée de fougères et de ronces où les autres s’étaient aventurés.

Soudain, l’un d’eux lança un coup de sifflet strident. Était-ce un signala l’adresse de quelque complice ? Un peu après, ils disparurent derrière une ligne d’arbustes très touffus. Quand il eut franchi cette ligne, Paul aperçut à cent pas devant lui un mur élevé qui semblait clore les bois de tous côtés. Les hommes se trouvaient à mi-chemin, et il s’avisa qu’ils allaient tout droit vers une partie de ce mur où il y avait une petite porte basse.

Paul redoubla d’efforts afin d’arriver avant qu’ils n’eussent le temps d’ouvrir. Le terrain découvert lui permettait une allure plus vive et les hommes, visiblement épuisés, ralentissaient.

— Je les tiens, les bandits, fit-il à haute voix. Enfin je vais donc savoir…

Un deuxième coup de sifflet, suivi d’un cri rauque. Il n’était plus qu’à trente pas d’eux et il les entendait parler.

— Je les tiens, je les tiens, se répétait-il avec une joie farouche.

Et il se proposait de frapper l’un au visage avec le canon de son revolver et de sauter à la gorge de l’autre.

Mais, avant même qu’ils n’eussent atteint le mur, la porte fut poussée de dehors. Un troisième individu apparut, qui leur livra passage.

Paul jeta son revolver et son élan fut tel, et il déploya une telle énergie, qu’il réussit à saisir, la porte et à la tirer vers lui.

La porte céda. Et ce qu’il vit alors l’épouvanta à un tel point qu’il eut un mouvement de recul et qu’il ne songea pas à se défendre contre