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L’ÉCLAT D’OBUS
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Il monta l’unique marche. Il souleva le loquet. Il poussa le battant. Mais, en ce moment exact où il entrait, deux hommes cachés dans l’ombre, à droite et à gauche, bondirent sur lui.

L’un d’eux le visa de son revolver en pleine figure. Par quel miracle Paul put-il discerner le canon de l’arme et se baisser à temps pour que la balle ne l’atteignît point ? Une deuxième détonation retentit. Mais il avait bousculé l’homme et lui arrachait l’arme des mains, tandis que le second de ses agresseurs le menaçait d’un poignard. Il recula et sortit de la chapelle, le bras tendu et les tenant en respect avec le revolver.

— Haut les mains ! cria-t-il.

Sans attendre le geste qu’il ordonnait, à son insu il pressa la gâchette à deux reprises. Les deux fois il y eut un claquement… aucune détonation. Mais il avait suffi qu’il tirât pour que les deux misérables, effrayés, fissent volte-face au plus vite et se sauvassent à toutes jambes.

Une seconde, Paul resta indécis, stupéfait par la brusquerie de ce guet-apens. Puis, vivement, il tira de nouveau sur les fuyards. Mais à quoi bon ! l’arme, chargée sans doute de deux coups seulement, claquait et ne détonait pas.

Alors, il se mit à courir dans la direction que suivaient ses agresseurs, et il se rappelait que jadis l’empereur et sa compagne, en s’éloignant de la chapelle, avaient pris cette même direction qui était évidemment celle de la frontière.

Presque aussitôt les hommes, se voyant poursuivis, entrèrent dans le bois et se faufilèrent entre les arbres. Mais Paul, plus agile, gagnait du terrain, et d’autant plus rapidement qu’il