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L’ÉCLAT D’OBUS
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qu’elle pouvait amener le garde-chasse à des réflexions et à des rapprochements que motivait déjà amplement la nature même de l’entretien ?

Il se contenta de dire encore :

— La comtesse d’Andeville n’a-t-elle pas voyagé pendant les deux mois qu’elle habitait Ornequin ? Une absence de quelques jours…

— Ma foi non. Mme  la comtesse n’est pas sortie de son domaine.

— Ah ! elle restait dans le parc ?

— Mais oui, monsieur. M. le comte allait presque tous les après-midi en voiture jusqu’à Corvigny, ou du côté de la vallée, mais Mme  la comtesse ne sortait pas du parc ou des bois.

Paul savait ce qu’il voulait savoir. Indifférent à ce que pourraient penser Jérôme et sa femme, il ne prit pas la peine de donner un prétexte à cette étrange série de demandes, sans rapport apparent les unes avec les autres. Il quitta le pavillon.

Quelle que fût sa hâte d’aller jusqu’au bout de son enquête, il remit à plus tard les investigations qu’il voulait faire en dehors du parc. On eût dit qu’il redoutait de se trouver en face de cette preuve dernière, bien inutile cependant après toutes celles que le hasard lui avait fournies.

Il retourna donc au château, puis, quand ce fut l’heure du déjeuner, il résolut d’accepter cette rencontre inévitable avec Élisabeth.

Mais la femme de chambre le rejoignit au salon et lui annonça que madame s’excusait auprès de lui. Un peu souffrante, elle demandait la permission de manger chez elle. Il comprit qu’elle voulait le laisser entièrement libre, refusant pour sa part de le supplier en faveur