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L’ÉCLAT D’OBUS
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Et Jérôme ajouta :

— Mais non, mais non, puisque j’avais envoyé à M. le comte la seule clef du cadenas, une clef de sûreté.

— Il nous l’a donnée hier matin, dit Paul.

Et, tout de suite, sans s’occuper davantage de leur stupeur, il interrogea :

— Il y a entre les deux fenêtres le portrait de la comtesse d’Andeville. À quelle époque ce portrait fut-il apporté et placé là ?

Jérôme ne répondit pas aussitôt. Il réfléchissait. Il regarda sa femme, puis, après un instant, articula :

— Mais c’est bien simple, à l’époque où M. le comte a expédié tous ses meubles au château, avant l’installation.

— C’est-à-dire ?

Durant les trois ou quatre secondes que Paul attendit la réponse, son angoisse fut intolérable. Cette réponse était décisive.

— Eh bien ? reprit-il.

— Eh bien, au printemps de l’année 1898.

— 1898 !

Ces mots. Paul les répéta d’une voix sourde. 1898, c’était l’année même où son père avait été assassiné !

Sans se permettre de réfléchir, avec le sang-froid du juge d’instruction qui ne dévie pas du plan qu’il s’est tracé, il demanda :

— Ainsi donc le comte et la comtesse d’Andeville sont arrivés ici ?…

— M. le comte et Mme la comtesse sont arrivés au château le 28 août 1898, et ils sont repartis pour le Midi le 24 octobre.

Maintenant Paul connaissait la vérité, puis-