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L’ÉCLAT D’OBUS
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— Oui, de petite fille, dit-il, en la pressant passionnément contre lui, et c’est ta vie de femme aussi…

Elle se dégagea, réconfortée par son étreinte, et murmura :

— Entrons, mon Paul chéri.

Il poussa la porte, puis il retourna dans le couloir où il prit une des lampes suspendues au mur, et il revint la placer sur un guéridon.

Élisabeth avait déjà traversé la pièce et se tenait devant le portrait.

Le visage de sa mère demeurant dans l’ombre, elle disposa la lampe de manière à le mettre en pleine clarté.

— Comme elle est belle, Paul !

Il s’approcha et leva la tête. Défaillante, Élisabeth s’agenouilla sur le prie-Dieu. Mais au bout d’un moment, comme Paul se taisait, elle le regarda et fut stupéfaite.

Il ne bougeait pas, livide, les yeux agrandis par la plus épouvantable vision.

— Paul ! s’écria-t-elle, qu’est-ce que vous avez ?

Il se mit à reculer vers la porte, sans pouvoir détacher son regard du portrait de la comtesse Hermine. Il chancelait comme un homme ivre, et ses bras battaient l’air autour de lui.

— Cette femme… cette femme… balbutia-t-il d’une voix rauque.

— Paul ! implora Élisabeth, que veux-tu dire ?

— Cette femme, c’est celle qui a tué mon père.