officiers d’ordonnance de l’empereur et moi, nous avons rendez-vous à trois heures sur le front même. Il amène vingt prisonniers français, et je vous remettrai entre ses mains. Veuillez avoir l’obligeance de monter dans cette automobile.
Visiblement, le prince Conrad ne saisissait pas un mot de ce que lui disait Paul. Le rendez-vous sur le front, les vingt prisonniers surtout, autant de phrases confuses qui n’entraient pas en son cerveau.
Mais comme il avait pris place dans l’automobile et que la voiture contournait lentement la pelouse, il eut une vision qui acheva de le déconcerter : Élisabeth d’Andeville, debout sur l’herbe, s’inclinait en souriant.
Hallucination, évidemment. Il se frotta les yeux d’un air ahuri, et son geste indiquait si bien sa pensée que Bernard lui dit :
— Détrompez-vous, monseigneur. C’est bien Élisabeth d’Andeville. Ma foi oui, Paul Delroze et moi, nous avons jugé qu’il était préférable d’aller la chercher en Allemagne. Alors, on a pris son Bædeker. On a demandé un rendez-vous à l’empereur. Et c’est lui-même qui a bien voulu, avec sa bonne grâce habituelle… Ah ! par exemple, monseigneur, attendez-vous à ce que votre papa vous lave la tête. Sa Majesté est furieuse après vous. Quoi ! Du scandale !… Une conduite de bâton de chaise ! Quel savon, monseigneur !
L’échange eut lieu à l’heure fixée.
Les vingt prisonniers français furent rendus.
Paul Delroze prit à part l’officier d’ordonnance.