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L’ÉCLAT D’OBUS

Paul s’était penché sur l’espionne. Il lui desserra son bâillon, qui paraissait la faire souffrir. Aussitôt elle s’efforça de crier, mais c’étaient des syllabes étouffées, incohérentes, où Paul cependant discerna quelques mots contre lesquels il protesta.

— Non, dit-il, pas même cela, pas même cette satisfaction. Le coup est raté… Et c’est là le châtiment le plus terrible, n’est-ce pas ?… Mourir sans avoir fait le mal qu’on voulait faire. Et quel mal !

Il se releva et s’approcha du groupe des officiers.

Ils causaient tous les trois, leur mission de juges étant finie, et l’un d’eux dit à Paul :

— Bien joué, Delroze. Tous mes compliments.

— Je vous remercie, mon général. J’aurais pu éviter cette tentative d’évasion, mais j’ai voulu accumuler le plus de preuves possible contre cette femme, et non pas seulement l’accuser des crimes qu’elle a commis, mais vous la montrer en pleine action et en plein crime.

Le général observa :

— Eh ! c’est qu’elle n’y va pas de main morte, la gueuse ! Sans vous, Delroze, la villa sautait avec tous mes collaborateurs, et moi par-dessus le marché ! Mais, dites donc, cette explosion que nous avons entendue ?…

— Une construction inutile, mon général, construction déjà démolie par les obus, d’ailleurs, et dont le commandement de la place voulait se débarrasser. Nous n’avons eu qu’à faire dévier le fil électrique qui part d’ici.

— Ainsi, toute la bande est prise ?