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L’ÉCLAT D’OBUS

haut commandement désorganisé !… Voyons, voyons !…

On eût cru qu’elle cherchait à les convaincre… bien plus, qu’elle les suppliait de se placer à son point de vue à elle, et d’admettre les conséquences qu’elle avait assignées à son acte. Pour que son plan réussît, il fallait qu’ils consentissent à agir dans le sens de la logique. Sinon… sinon…

Brusquement, elle se révolta contre elle-même et contre cette espèce de supplication humiliante à quoi elle s’abaissait. Et, reprenant son attitude de menace, elle cria :

— Tant pis pour eux ! Tant pis pour eux ! C’est vous qui les aurez condamnés ! Alors vous le voulez ? Nous sommes bien d’accord ? Et puis, vous croyez me tenir peut-être ? Allons donc ! Même si vous vous entêtez, la comtesse Hermine n’a pas dit son dernier mot ! Vous ne la connaissez pas, la comtesse Hermine… Elle ne se rend jamais… la comtesse Hermine… la comtesse Hermine…

Elle était abominable à voir. Une sorte de démence la possédait. Convulsée, tordue de rage, hideuse, vieillie de vingt ans, elle évoquait l’image d’un démon que brûlent les flammes de l’enfer. Elle injuriait. Elle blasphémait. Elle lançait des imprécations. Elle riait même, à l’idée de la catastrophe que son geste allait provoquer. Et elle bégayait :

— Tant pis ! C’est vous… c’est vous, les bourreaux… Ah ! quelle folie ! Alors vous l’exigez ? Mais ils sont fous !… Leurs généraux ! leurs chefs ! Non, mais ils ont perdu la tête ! Voilà qu’ils sacrifient de gaieté de cœur leurs grands généraux ! leurs grands chefs ! Et cela,