jours le temps de lever la manette. Et c’est cela qu’il ne faut pas, n’est-ce pas ? C’est cela que ces messieurs et toi voulez éviter à tout prix… même au prix de ma liberté, n’est-ce pas ? Car nous en sommes là, hélas ! Tout mon beau plan s’écroule puisque je suis entre vos mains. Mais je vaux bien à moi seule vos trois grands généraux, hein ? et j’ai bien le droit de les épargner pour me sauver… Ainsi nous sommes d’accord ? Leur vie contre la mienne ! Et tout de suite !… Paul Delroze, tu as une minute pour consulter ces messieurs. Si, dans une minute, parlant en ton nom et au leur, tu ne me donnes pas ta parole que vous me considérez comme libre, et que toute protection me sera accordée pour passer en Suisse, alors… alors « la bobinette cherra », comme on dit dans le Petit Chaperon rouge… Ah ! ce que je vous tiens tous ! Et combien c’est comique ! Dépêche-toi, ami Delroze. Ta parole… Mais oui, cela me suffit. Dame ! la parole d’un officier français !… Ah ! ah ! ah !
Son rire, un rire nerveux et méprisant, se prolongea dans le grand silence. Et il arriva peu à peu qu’il y résonna de façon moins assurée, comme ces paroles qui ne provoquent pas l’effet prévu. De lui-même il sembla se disloquer, s’interrompit et cessa tout d’un coup.
Et elle était stupéfaite : Paul Delroze n’avait pas bougé, et aucun des officiers, et aucun des soldats qui se trouvaient dans la salle, n’avait bougé.
Elle les menaça du poing.
— J’ordonne qu’on se hâte !… Vous avez une minute, messieurs les Français. Une minute, pas davantage…