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L’ÉCLAT D’OBUS

Et elle scanda d’une voix sèche, coupante :

— Qu’ai-je à craindre de vous maintenant ? La comtesse Hermine de Hohenzollern ? Vous voulez savoir si c’est moi ? Oui, c’est bien moi. Je ne le nie pas… Je le proclame même… Tous les actes que vous appelez stupidement des crimes, oui, je les ai accomplis… C’était mon devoir envers mon empereur… envers la plus grande Allemagne… Espionne ? non pas… Allemande, tout simplement. Et ce que fait une Allemande pour sa patrie est justement fait.

« Et puis… et puis assez de paroles niaises et de bavardages sur le passé. Le présent seul et l’avenir importent. Et, du présent comme de l’avenir, me voilà redevenue maîtresse. Mais oui, mais oui, grâce à vous, je reprends la direction des événements, et nous allons rire. Voulez-vous savoir une chose ? Tout ce qui vient de se produire ici depuis quelques jours, c’est moi qui l’ai préparé. Les ponts que la rivière a enlevés, c’est sur mes ordres qu’ils avaient été sapés à leur base… Pourquoi ? Pour le piètre résultat de vous faire reculer ? Certes, il nous fallait cela d’abord, nous avions besoin d’annoncer une victoire… Victoire ou non, elle sera annoncée, et elle aura son effet, je vous en réponds. Mais ce que je voulais, c’était mieux. Et j’ai réussi.

Elle s’arrêta, puis reprit d’un ton plus sourd, le buste penché vers ceux qui l’écoutaient :

— Le recul, le désordre parmi vos troupes, la nécessité de faire obstacle à l’avance et d’amener des renforts, c’était de toute évidence l’obligation pour votre général en chef de venir ici et de s’y concerter avec ses généraux.