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L’ÉCLAT D’OBUS
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Il serra les poings et reprit :

— En effet, pourquoi pas ? J’ignorais alors ce que vous étiez, et je ne savais rien du drame… du drame d’autrefois… C’est aujourd’hui seulement que j’ai rapproché les faits, et si je vous ai repoussée autrefois avec une répulsion instinctive, c’est avec une exécration sans pareille que je vous accuse maintenant… maintenant que je sais… oui, que je sais, et en toute certitude. Déjà, lorsque ma pauvre femme se mourait, plusieurs fois, dans sa chambre d’agonisante, le docteur me disait : « C’est un mal étrange. Bronchite, pneumonie, certes, et cependant il y a des choses que je ne comprends pas… des symptômes… pourquoi ne pas le dire ? des symptômes d’empoisonnement ». Je protestais alors. L’hypothèse était impossible. Empoisonnée, ma femme ! Et par qui ? Par vous, comtesse Hermine, par vous ! Je l’affirme aujourd’hui. Par vous ! Je le jure sur mon salut éternel. Des preuves ? Mais, c’est votre vie elle-même, c’est tout qui vous accuse.

« Tenez, il est un point sur lequel Paul Delroze n’a pas fait toute la lumière. Il n’a pas compris pourquoi, lorsque vous assassiniez son père, pourquoi vous portiez des vêtements semblables à ceux de ma femme. Pourquoi ? mais pour cette abominable raison que, déjà, à cette époque, la mort de ma femme était résolue, et que, déjà, vous vouliez créer dans l’esprit de ceux qui pourraient vous surprendre une confusion entre la comtesse d’Andeville et vous. La preuve est irrécusable. Ma femme vous gênait : vous l’avez tuée. Vous aviez deviné qu’une fois ma femme morte je ne reviendrais plus à Ornequin, et vous avez tué ma