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L’ÉCLAT D’OBUS
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de votre main… Et vous avez fui sans les apercevoir, sans les achever ! Et vous ne saviez plus rien de nous, tandis que nous, nous connaissions vos projets. Le dimanche dix janvier, rendez-vous à Ébrecourt, rendez-vous sinistre que vous avez pris avec Karl, tout en lui annonçant votre volonté implacable de supprimer Élisabeth. Et le dimanche dix janvier j’étais exact au rendez-vous. J’assistais au souper du prince Conrad ! J’étais là, après le souper, lorsque vous avez remis à Karl la fiole de poison ! J’étais là, sur le siège même de l’automobile, lorsque vous avez donné à Karl vos dernières instructions ! J’étais partout. Et, le soir même, Karl mourait. Et, la nuit suivante, j’enlevais le prince Conrad. Et le lendemain, c’est-à-dire avant-hier, maître d’un pareil otage, obligeant ainsi l’empereur à négocier avec moi, je lui dictais mes conditions, dont la première était la liberté immédiate d’Élisabeth. Et l’empereur cédait. Et nous voici !

Une parole entre toutes ces paroles, dont chacune montrait à la comtesse Hermine avec quelle énergie implacable elle avait été traquée, une parole la bouleversa, comme la plus effroyable des catastrophes.

Elle balbutia :

— Mort ? Vous dites que Karl est mort ?

— Abattu par sa maîtresse au moment même où il essayait de me tuer, s’exclama Paul que la haine emportait de nouveau. Abattu comme une bête enragée ! Oui, l’espion Karl est mort, et jusqu’après sa mort, il fut le traître qu’il avait été toute sa vie. Vous me demandiez mes preuves ? C’est dans la poche de Karl que je les ai trouvées ! C’est dans son carnet que j’ai