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L’ÉCLAT D’OBUS

Aucun incident ne troubla leur voyage. Le soir ils arrivaient aux lignes du front, en face d’Ébrecourt.

L’officier d’ordonnance, qui avait tous pouvoirs, fit allumer un réflecteur, et lui-même, après avoir ordonné qu’on agitât un drapeau blanc, conduisit Élisabeth et Paul à l’officier français qui se présenta.

Celui-ci téléphona aux services de l’arrière. Une automobile fut envoyée.

À neuf heures, Élisabeth et Paul s’arrêtaient à la grille d’Ornequin, et Paul faisait demander Bernard, au-devant duquel il se rendit :

— C’est toi, Bernard ? lui dit-il. Écoute-moi, et soyons brefs. Je ramène Élisabeth. Oui, elle est ici dans l’auto. Nous partons pour Corvigny, et tu viens avec nous. Pendant que je vais chercher ma valise et la tienne, toi donne les ordres nécessaires pour que le prince Conrad soit surveillé de près. Il est en sûreté, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Alors dépêchons. Il s’agit de rejoindre la femme que tu as vue la nuit dernière au moment où elle entrait dans le tunnel. Puisqu’elle est en France, donnons-lui la chasse.

— Ne crois-tu pas, Paul, que nous trouverions plutôt sa piste en retournant nous-mêmes dans le tunnel et en cherchant l’endroit où il débouche aux environs de Corvigny ?

— Du temps perdu. Nous en sommes à un moment de la lutte où il faut brûler les étapes.

— Voyons, Paul, la lutte est finie puisque Élisabeth est sauvée.

— La lutte ne sera pas finie tant que cette femme vivra.

— Mais enfin, qui est-ce ?