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L’ÉCLAT D’OBUS

parce que je me suis imaginé des tas d’histoires absurdes… Oui, figure-toi, ce souper hier soir… je t’ai aperçue de loin, et j’ai souffert la mort… Je t’ai accusée de je ne sais quoi… Faut-il être bête !

Elle ne comprenait pas sa gaieté, et elle répéta :

— Comme tu es heureux ! Comment se peut-il que tu sois si heureux ?

— Il n’y a aucune raison pour que je ne le sois pas, dit Paul toujours en riant. Voyons, réfléchis… On se retrouve tous les deux, à la suite de malheurs auprès desquels ceux qui ont frappé la famille des Atrides ne comptent pas. Nous sommes ensemble, rien ne peut plus nous séparer, et tu ne veux pas que je sois content ?

— Rien ne peut donc plus nous séparer ? dit-elle tout anxieuse.

— Évidemment. Est-ce donc si étrange ?

— Tu restes avec moi ? Nous allons vivre ici ?

— Ah ! non, alors… En voilà une idée ! Tu vas faire tes paquets en deux temps, trois mouvements, et nous filons.

— Où ?

— Où ? Mais en France. Tout bien pesé, il n’y a encore que là que l’on se sente à l’aise.

Et, comme elle l’observait avec stupeur, il lui dit :

— Allons, dépêchons-nous. L’auto nous attend et j’ai promis à Bernard… oui, ton frère Bernard, je lui ai promis que nous le rejoindrions cette nuit… Tu es prête ? Ah çà mais, pourquoi cet air d’effarement ? Il te faut des explications ? Mais, ma chérie adorée, nous en