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L’ÉCLAT D’OBUS


VIII

L’ÉPERON 132



L’heureux voyage ! Et avec quelle allégresse Paul Delroze l’accomplit ! Enfin il touchait au but, et ce n’était pas cette fois une de ces entreprises hasardeuses au bout desquelles il n’y a si souvent que la plus cruelle des déceptions, mais le dénouement logique et la récompense de ses efforts. L’ombre même d’une inquiétude ne pouvait l’effleurer. Il est des victoires — et celle qu’il venait de remporter sur l’empereur était de ce nombre — qui entraînent à leur suite la soumission de tous les obstacles. Élisabeth se trouvait au château de Hildensheim, et il se dirigeait vers ce château sans que rien pût s’opposer à son élan.

À la clarté du jour, il lui sembla reconnaître les paysages qui se cachaient à lui dans les ténèbres de la nuit précédente, tel village, tel bourg, telle rivière côtoyée. Et il vit la succession des petits bois. Et il vit le fossé près duquel il avait lutté avec l’espion Karl.

Il ne lui fallut guère plus d’une heure encore pour arriver sur une colline que dominait la forteresse féodale de Hildensheim. De larges fossés la précédaient, enjambés par un pont-