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L’ÉCLAT D’OBUS

avaient dû jeter son cadavre dans quelque coin des carrières, puis s’étaient enfuis. Deux d’entre eux avaient réussi à s’échapper. On tenait le troisième. Et, pas une seconde, on n’eut ridée d’une entreprise dont l’audace, justement, dépassait l’imagination.

En tout cas, il ne pouvait plus être question de fusiller Paul sans une enquête préalable, et sans que les résultats de cette enquête fussent communiqués en haut lieu.

On le conduisit à la villa, où, après l’avoir débarrassé de sa capote allemande et fouillé minutieusement, on l’enferma dans une chambre sous la protection de quatre gaillards solides.

Il y demeura plusieurs heures à somnoler, ravi de ce repos dont il avait grandement besoin, et fort tranquille du reste, puisque Karl étant mort, la comtesse Hermine absente, Élisabeth à l’abri, il n’y avait qu’à s’abandonner au cours normal des événements.

Vers dix heures, il reçut la visite d’un général qui tenta de l’interroger, et qui, ne recevant aucune réponse satisfaisante, se mit en colère, mais avec une certaine réserve où Paul démêla cette sorte de considération que l’on éprouve pour les criminels de marque.

— Tout va bien, se dit-il. Cette visite n’est qu’une étape et m’annonce la venue d’un ambassadeur plus sérieux, quelque chose comme un plénipotentiaire.

D’après les paroles du général, il comprit que l’on continuait à chercher le corps du prince. On le cherchait d’ailleurs aussi en dehors de l’enceinte, car un nouveau fait, la découverte et les révélations du chauffeur