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L’ÉCLAT D’OBUS
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— Mais non, mais non, les choses ne vont pas si vite que cela.

— Fusillé, répéta l’autre. Le herr leutnant l’a dit.

— Eh bien quoi ! qu’est-ce qu’il attend, le herr leutnant ?

Le lieutenant faisait une rapide enquête à l’entrée du tunnel. Les hommes qui s’y étaient engouffrés revinrent en courant, à demi asphyxiés par les gaz de l’explosion. Quant au factionnaire dont Bernard avait dû se débarrasser, il perdait son sang en telle abondance qu’il fallut renoncer à tirer de lui de nouveaux renseignements.

C’est à ce moment que des nouvelles arrivèrent des casernes. On venait d’apprendre par une estafette envoyée de la villa que le prince Conrad avait disparu, et l’on mandait aux officiers de doubler les postes et de faire bonne garde, surtout aux abords du tunnel.

Certes Paul avait escompté cette diversion, ou toute autre du même genre qui suspendrait son exécution. Le jour commençait à poindre, et il supposait bien que, le prince Conrad ayant été laissé ivre-mort dans sa chambre, un de ses domestiques devait avoir mission de veiller sur lui. Ce domestique, trouvant les portes fermées, avait donné l’alarme. D’où les recherches immédiates.

Mais la surprise, pour Paul, ce fut que l’on ne soupçonnât point l’enlèvement du prince par la voie du tunnel. Le factionnaire évanoui ne pouvait parler. Les hommes ne s’étaient pas rendu compte que, sur les deux fugitifs aperçus de loin, l’un des deux entraînait l’autre. Bref, on crut le prince assassiné. Ses agresseurs