d’une des lanternes qu’elle avait décrochée.
— Il est mort, n’est-ce pas ? dit-il.
— Oui, il est mort. Deux balles l’ont atteint dans le dos.
Elle murmura d’une voix altérée :
— C’est horrible, ce que j’ai fait. Voilà que je l’ai tué, moi ! Ce n’est pas un meurtre, monsieur, n’est-ce pas ? Et j’en avais le droit ?… Tout de même, c’est horrible… Voilà que j’ai tué Karl !
Son visage, jeune encore et assez joli, bien que très vulgaire, était décomposé. Ses yeux ne semblaient pas pouvoir se détacher du cadavre.
— Qui êtes-vous ? demanda Paul.
Elle répondit avec des sanglots :
— J’étais son amie… mieux que cela, ou plutôt pis que cela… Il m’avait juré qu’il m’épouserait… Mais les serments de Karl !… Un tel menteur, monsieur, un tel lâche !… Ah ! tout ce que je sais de lui… Moi-même, peu à peu, à force de me taire, je devenais sa complice. C’est qu’il me faisait si peur ! Je ne l’aimais plus, mais je tremblais et j’obéissais… Avec quelle haine, à la fin !… et comme il la sentait, cette haine ! Il me disait souvent : « Tu es bien capable de m’égorger un jour ou l’autre ». Non, monsieur… J’y pensais bien, mais jamais je n’aurais eu le courage. C’est seulement tout à l’heure, quand j’ai vu qu’il allait vous frapper… et surtout quand j’ai entendu votre nom…
— Mon nom, pourquoi ?
— Vous êtes le mari de Mme Delroze.
— Et alors ?
— Alors je la connais. Pas depuis longtemps,