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L’ÉCLAT D’OBUS
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Paul sauta du siège, tandis que l’auto se rangeait sur le bord de la route. Le moment était venu d’agir.

Il s’occupa d’abord du phare, tout en surveillant les mouvements de l’espion et en ayant soin de se tenir en dehors des projections lumineuses. Karl descendit, ouvrit la portière de la limousine, engagea une conversation que Paul n’entendit pas. Puis il remonta ensuite le long de la voiture.

— Eh bien, l’abruti, en finiras-tu ?

Paul lui tournait le dos, très attentif à son ouvrage et guettant la seconde propice où l’espion, avançant de deux pas, serait à sa portée.

Une minute s’écoula. Il serra les poings. Il prévit exactement le geste nécessaire, et il allait l’exécuter, lorsque soudain il fut saisi par derrière, à bras-le-corps, et renversé sans avoir pu offrir la moindre résistance.

— Ah ! tonnerre ! s’écria l’espion en le maintenant sous son genou, c’est donc pour ça que tu ne répondais pas ?… Il me semblait aussi que tu avais une drôle d’attitude à côté de moi… Et puis je n’y pensais pas… C’est à l’instant, la lanterne qui t’a éclairé de profil. Ah çà ! mais qu’est-ce que c’est que ce gaillard ? Un chien de Français, peut-être ?

Paul s’était raidi, et il crut un moment qu’il lui serait possible d’échapper à l’étreinte. L’effort de l’adversaire fléchissait, il le dominait peu à peu, et il s’exclama :

— Oui, un Français, Paul Delroze, celui que tu as voulu tuer autrefois, le mari d’Élisabeth, de ta victime… Oui, c’est moi, et je sais qui tu es… le faux Belge Laschen, l’espion Karl.