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L’ÉCLAT D’OBUS
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point. Mais vous m’avez parlé d’un autre projet, pour compléter le premier, et j’avoue que celui-là…

— Il le faut, dit-elle. La chance tourne contre nous. Si je réussis, ce sera la fin de la série noire.

— Et vous avez le consentement de l’empereur ?

— Inutile. Ce sont là de ces entreprises dont on ne parle pas.

— Celle-ci est dangereuse et terrible, Excellence.

— Tant pis.

— Pas besoin de moi, là-bas. Excellence ?

— Non. Débarrasse-nous de la petite. Pour l’instant cela suffit. Adieu.

— Adieu, Excellence.

L’espion débraya ; l’auto partit.

L’allée qui encerclait la pelouse centrale conduisait devant un pavillon qui commandait la grille du jardin et qui servait au corps de garde. De chaque côté s’élevaient les hautes murailles de l’enceinte.

Un officier sortit du pavillon. Karl jeta le mot de passe : « Hohenstaufen ». La grille fut ouverte et l’auto s’élança sur une grande route qui traverse d’abord la petite ville d’Ébrecourt et serpente ensuite au milieu de collines basses.

Ainsi Paul Delroze, à onze heures du soir, se trouvait seul, dans la campagne déserte, avec Élisabeth et avec l’espion Karl. Qu’il parvînt à maîtriser l’espion, et de cela il ne doutait point, Élisabeth serait libérée. Il n’y aurait plus alors qu’à revenir, à pénétrer dans