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L’ÉCLAT D’OBUS
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découvert deux corps immobiles que l’on avait déposés là durant la nuit, deux corps baignés de sang. Au premier examen, il constata que l’un de ces corps était glacé. C’était celui de mon pauvre père. Moi, je respirais, mais si peu !

« La convalescence fut très longue et coupée de rechutes et d’accès de fièvre où, pris de délire, je voulais me sauver. Ma vieille cousine, seule parente qui me restât, fut admirable de dévouement et d’attention. Deux mois plus tard, elle m’emmenait chez elle à peu près guéri de ma blessure, mais si profondément affecté par la mort de mon père et par les circonstances épouvantables de cette mort qu’il me fallut plusieurs années pour rétablir ma santé. Quant au drame lui-même…

— Eh bien ? fit Élisabeth, qui avait entouré de son bras le cou de son mari en un geste de protection passionnée.

— Eh bien, fit Paul, jamais il ne fut possible d’en percer le mystère. La justice s’y employa pourtant avec beaucoup de zèle et de minutie, tâchant de vérifier les seuls renseignements qu’elle pût utiliser, ceux que je lui donnais. Tous ses efforts échouèrent. D’ailleurs, ces renseignements étaient si vagues ! En dehors de ce qui s’était passé dans la clairière et devant la chapelle, que savais-je ? Où la chercher, cette clairière ? Où la découvrir, cette chapelle ? En quel pays le drame s’était-il déroulé ?

— Mais cependant vous avez effectué un voyage, votre père et vous, pour venir en ce pays, et il me semble qu’en remontant à votre départ même de Strasbourg…

— Eh ! vous comprenez bien qu’on n’a pas négligé cette piste, et que la justice française,