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L’ÉCLAT D’OBUS
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ment face à Corvigny, dont on aperçoit au loin le clocher et les collines avoisinantes. Le donjon n’a plus que sa base énorme, que prolongent les murs de fondation, mêlés de roches naturelles, qui soutiennent la terrasse. Un jardin étend jusqu’au parapet ses massifs de lauriers et de fusains.

C’est là que Paul se rendit. Plusieurs fois il arpenta l’esplanade, se penchant au-dessus de la rivière et inspectant, sous leur manteau de lierre, les blocs écroulés du donjon.

— Et alors, dit le lieutenant qui survint avec ses hommes, voilà votre point de départ ? Je vous avertis que nous tournons le dos à la frontière.

— Bah ! répondit Paul sur le même ton de plaisanterie, tous les chemins mènent à Berlin.

Il indiqua un cercle qu’il avait tracé à l’aide de piquets, et, invitant les hommes à l’ouvrage :

— Allez-y, mes amis.

Ils attaquèrent, sur une circonférence de trois mètres environ, un sol végétal où ils creusèrent, en vingt minutes, un trou d’un mètre cinquante. À cette profondeur, ils rencontrèrent une couche de pierres cimentées les unes avec les autres, et l’effort devint beaucoup plus difficile, car le ciment était d’une dureté incroyable, et on ne pouvait le disjoindre qu’à l’aide de pics introduits dans les fissures. Paul suivait le travail avec une attention inquiète.

— Halte ! cria-t-il au bout d’une heure.

Il voulut descendre seul dans l’excavation et continua, dès lors, à creuser, mais lentement, et en examinant pour ainsi dire l’effet de chacun des coups qu’il portait.