en deux et, finalement s’accroupissait avec des plaintes de plus en plus sourdes.
Dans la vaste pièce il y eut alors un grand calme au delà duquel crépitaient les détonations des fusils. Les canons allemands ne tiraient plus. La contre-attaque de l’ennemi devait se poursuivre avec succès, et Paul, incapable d’un mouvement, attendait la formidable explosion annoncée par le lieutenant.
Plusieurs fois il prononça le nom d’Élisabeth. Il pensait qu’aucun danger ne la menaçait désormais, puisque le major Hermann allait mourir, lui aussi. D’ailleurs, son frère Bernard saurait bien la défendre. Mais, à la longue, cependant, cette sorte de quiétude s’évanouissait, se changeait en malaise, puis en tourment, et faisait place à une sensation dont chaque seconde aggravait la torture. Était-ce un cauchemar, une hallucination maladive qui le hantait ? Cela se passait du côté de la soupente où il avait entraîné le major Hermann et où gisait le cadavre d’un soldat. Horreur ! il lui semblait que le major avait coupé ses liens, qu’il se soulevait, et qu’il regardait autour de lui.
De toutes ses forces Paul ouvrit ses yeux, et de toutes ses forces il exigea qu’ils demeurassent ouverts.
Mais une ombre de plus en plus épaisse les voilait, et au travers de cette ombre il discernait, comme on voit la nuit un spectacle confus, le major qui se débarrassait de son manteau, qui se penchait sur le cadavre, qui lui ôtait sa capote de drap bleu, qui s’en revêtait lui-même, qui mettait sur sa tête le képi du mort, s’entourait le cou de sa cravate, prenait