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L’ÉCLAT D’OBUS

mètres de la façade démolie, et trois hommes écrasés.

À la tourmente une accalmie succéda. Mais Paul avait eu si nettement la sensation du danger qui les menaçait tous qu’il lui fut impossible de se contenir plus longtemps. Se décidant soudain, il apostropha M. d’Andeville, et, sans plus chercher de préambules, il lui jeta :

— Un mot avant tout… il faut que je sache… Êtes-vous bien sûr que la comtesse d’Andeville soit morte ?

Et aussitôt il reprit :

— Oui, ma question vous semble folle… Elle vous semble ainsi parce que vous ne savez rien. Mais je ne suis pas fou, et je vous demande d’y répondre comme si j’avais eu le temps de vous exposer tous les motifs qui la justifient. La comtesse Hermine est-elle morte ?

M. d’Andeville se domina, et, acceptant de se mettre dans l’état d’esprit que réclamait Paul, il prononça :

— Existe-t-il une raison quelconque qui vous permettrait de supposer que ma femme est encore vivante ?

— Des raisons très sérieuses, j’oserais dire des raisons irréfutables.

M. d’Andeville haussa les épaules et déclara d’une voix ferme :

— Ma femme est morte dans mes bras. J’ai senti sous mes lèvres ses mains glacées, ce froid de la mort qui est si horrible quand on aime. Je l’ai enveloppée moi-même, suivant son désir, dans sa robe de mariée, et j’étais là quand on a cloué le cercueil. Et après ?

Paul l’écoutait en songeant :