Page:Leblanc - L’Éclat d’obus, 1916.djvu/179

Cette page a été validée par deux contributeurs.
L’ÉCLAT D’OBUS
171

Le major déclara simplement :

— Elles sont prises.

— Que dites-vous, Excellence ?

— Je te dis qu’elles sont prises. J’ai été prévenu par un autre côté, et, comme on tient fortement à la maison du passeur, j’ai téléphoné au commandant du poste qu’on lui enverrait trois cents hommes à cinq heures du matin. Les volontaires d’Afrique donneront dans le piège. Pas un n’en reviendra vivant.

Le major eut un petit rire satisfait et releva le col de son manteau en ajoutant :

— D’ailleurs, pour plus de sûreté, j’irai passer la nuit là-bas… d’autant que je me demande si, par hasard, ce n’est pas le commandant de poste qui aurait envoyé des hommes ici, et fait prendre les papiers de Rosenthal dont il savait la mort.

— Mais…

— Assez bavardé. Occupe-toi de Rosenthal, et partons.

— Je vous accompagne, Excellence ?

— Inutile. Une des barques me conduira par le canal. La maison n’est pas à quarante minutes d’ici.

Sur l’appel de l’espion, trois soldats descendirent, et le cadavre fut hissé jusqu’à la trappe supérieure.

Karl et le major restaient immobiles tous deux, au pied de l’échelle, et Karl portait vers la trappe la lumière de la lanterne qu’il avait détachée.

Bernard murmura :

— Nous tirons ?

— Non, répondit Paul.

— Mais…