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L’ÉCLAT D’OBUS
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II

LE MAJOR HERMANN



Tout de suite, et malgré le sursaut de haine qui l’eût poussé à un acte de vengeance immédiate, Paul appuya sa main sur le bras de Bernard pour l’obliger à la prudence.

Mais quelle rage le bouleversait lui-même à l’aspect de ce démon ! Celui qui représentait à ses yeux l’ensemble de tous les crimes commis contre son père et contre sa femme, celui-là s’offrait à la balle de son revolver, et Paul ne pouvait pas bouger ! Bien plus, les circonstances se présentaient de telle façon que en toute certitude, cet homme s’en irait dans quelques minutes, vers d’autres crimes, sans qu’il fût possible de l’abattre.

— À la bonne heure, Karl, dit le major en allemand — et il s’adressait au faux Laschen — à la bonne heure, tu es exact au rendez-vous. Et alors, quoi de nouveau ?

— Avant tout, Excellence, répondit Karl qui semblait traiter le major avec cette déférence mêlée de familiarité que l’on a vis-à-vis d’un supérieur qui est à la fois votre complice, avant tout une permission…