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L’ÉCLAT D’OBUS
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du Rimailho, ramassé par terre le jeudi matin, n’ait été volontairement enfoncé parmi des boucles de cheveux coupés la veille au soir ?

— Mais tu es fou ! Dans quel but aurait-on fait cela ?

Bernard eut un sourire.

— Mon Dieu, dans le but de faire croire qu’Élisabeth avait été fusillée alors qu’elle ne l’était point.

Paul se jeta sur lui, et, le secouant :

— Tu sais quelque chose. Bernard ! Sans quoi, est-ce que tu pourrais rire ? Mais parle donc ! Et ces balles sur le mur du pavillon ? Et cette chaîne de fer ? Ce troisième anneau ?

— Justement. Trop de mise en scène ! Lorsqu’une exécution a lieu, est-ce qu’on voit ainsi la trace des balles ? Et puis, le cadavre d’Élisabeth, l’as-tu retrouvé ? Qui te prouve qu’après avoir fusillé Jérôme et sa femme ils n’ont pas eu pitié d’elle ? Ou bien, qui sait, une intervention…

Paul sentait un peu d’espoir l’envahir. Condamnée par le major Hermann, peut-être Élisabeth avait-elle été sauvée par le prince Conrad, revenu de Corvigny avant l’exécution…

Il balbutia :

— Peut-être… oui, peut-être… Et alors voici : le major Hermann connaissant notre présence à Corvigny, — souviens-toi de ta rencontre avec cette paysanne, — le major Hermann, tenant du moins à ce qu’Élisabeth fût morte pour nous, et à ce que nous renoncions à la chercher, le major Hermann a simulé cette mise en scène. Ah ! comment savoir ?

Bernard s’approcha de lui et prononça gravement :