Page:Leblanc - L’Éclat d’obus, 1916.djvu/147

Cette page a été validée par deux contributeurs.
L’ÉCLAT D’OBUS
139

« … Ils m’ont apporté du pain et de l’eau. Je suis toujours séparée de Rosalie et de Jérôme. On ne leur a pas donné à manger. »


Deux heures.

« Rosalie a réussi à se délivrer de son bâillon. Du réduit où elle se trouve, elle me parle à demi voix. Elle a entendu ce que disaient les soldats allemands qui nous gardent, et j’apprends que le prince Conrad est parti hier soir pour Corvigny, que les Français approchent et que l’on est très inquiet ici. Va-t-on se défendre ? Va-t-on se replier vers la frontière ?… C’est le major Hermann qui a fait manquer notre évasion. Rosalie dit que nous sommes perdus… »


Deux heures et demie.

« Rosalie et moi, nous avons dû nous interrompre. Je viens de lui demander ce qu’elle voulait dire… Pourquoi sommes-nous perdus ?… Elle prétend que le major Hermann est un être diabolique.

« — Oui, diabolique, a-t-elle répété, et comme il a des raisons spéciales pour agir contre vous…

« — Quelles raisons, Rosalie ?

« — Tout à l’heure, je vous expliquerai… Mais soyez sûre que, si le prince Conrad ne revient pas de Corvigny à temps pour nous sauver, le major Hermann en profitera pour nous faire fusiller tous les trois… »


Paul eut un véritable rugissement en voyant ce mot épouvantable tracé par la main de sa pauvre Élisabeth. C’était sur la dernière des pages. Il n’y avait plus, après cela, que quel-