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L’ÉCLAT D’OBUS


IX

FILS D’EMPEREUR



Paul serrait entre ses mains crispées le lamentable journal auquel Élisabeth avait confié ses angoisses.

— Ah ! la malheureuse, pensa-t-il, comme elle a dû souffrir ! Et ce n’est encore que le début du chemin qui la conduisait à la mort…

Il redoutait d’aller plus avant. Les heures du supplice approchaient pour Élisabeth, menaçantes et implacables, et il aurait voulu lui crier :

— Mais, va-t’en ! N’affronte pas le destin ! J’oublie le passé. Je t’aime.

Trop tard ! C’était lui-même, par sa cruauté, qui l’avait condamnée au supplice et il devait, jusqu’au bout, assister à toutes les étapes du calvaire dont il connaissait l’étape suprême et terrifiante.

Brusquement, il tourna les feuillets.

Il y avait d’abord trois pages blanches, celles qui portaient les dates du 20, du 21 et du 22 août… journées de bouleversement durant lesquelles elle n’avait pas pu écrire. Les pages du 23 et du 24 manquaient. Celles-là, sans doute, relataient les événements et contenaient des révélations sur l’inexplicable invasion.