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L’ÉCLAT D’OBUS
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devient-il ? Quand Jérôme m’a dit ce matin que la guerre était déclarée, j’ai cru que j’allais m’évanouir. Ainsi Paul va se battre. Il sera blessé peut-être ! Tué ! Ah ! mon Dieu, est-ce que vraiment ma place ne serait pas auprès de lui, dans une ville voisine de l’endroit où il se bat ? Que puis-je espérer en restant ici ? Oui, mon devoir, je sais… ma mère. Ah ! maman, je te demande pardon. Mais, vois-tu, c’est que j’aime et que j’ai peur qu’il ne lui arrive quelque chose… »


Jeudi 6 août.

« Toujours des larmes. Je suis de plus en plus malheureuse. Mais je sens que, si je devais l’être davantage encore, je ne céderais pas. D’ailleurs, pourrais-je le rejoindre, alors qu’il ne veut plus de moi et qu’il ne m’écrit même pas ? Son amour ? Mais il me déteste ! Je suis la fille d’une femme pour qui sa haine n’a pas de bornes. Ah ! quelle horreur ! Est-ce possible ? Mais alors, s’il pense ainsi à maman et si je ne réussis pas dans ma tâche, nous ne pourrons plus jamais nous revoir, lui et moi ? Voilà la vie qui m’attend ? »


Vendredi 7 août.

« J’ai beaucoup interrogé Jérôme et Rosalie sur maman. Ils ne l’ont connue que quelques semaines, mais ils se la rappellent bien et tout ce qu’ils m’ont dit m’a fait tant de plaisir ! Il paraît qu’elle était si bonne et si belle ! Tout le monde l’adorait.

« — Elle n’était pas toujours gaie, m’a dit Rosalie. Était-ce le mal qui la minait déjà, je