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L’ÉCLAT D’OBUS
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que le prénom dont le major faisait suivre son grade sur la muraille. Major Hermann ! la comtesse Hermine ! H. E. R. M.… les quatre lettres incrustées sur le poignard avec lequel on avait voulu le tuer, lui ! H. E. R. M.…, les quatre lettres incrustées sur le poignard de l’espion qu’il avait capturé dans le clocher d’une église ! Bernard prononça :

— À mon avis, c’est une écriture de femme. Mais alors…

Et pensivement il continua :

— Mais alors… que devons-nous conclure ? Ou bien la paysanne d’hier et le major Hermann ne sont qu’un seul et même personnage, c’est-à-dire que cette paysanne est un homme, ou que le major n’en est pas un… Ou bien… ou bien nous avons affaire à deux personnages distincts, une femme et un homme, et je crois qu’il en est ainsi, malgré la ressemblance surnaturelle qui existe entre cet homme et cette femme… Car enfin, comment admettre qu’un même personnage ait pu hier soir signer cela ici, franchir les lignes françaises et, déguisé en paysanne, m’aborder à Corvigny… et puis ce matin revenir ici déguisé en major allemand, faire sauter le château, fuir, et, après avoir tué quelques-uns de ses soldats, disparaître en automobile ?

Paul ne répondit pas, absorbé par ses réflexions. Au bout d’un moment, il passa dans la chambre voisine, qui séparait le boudoir de l’appartement que sa femme Élisabeth avait habité.

De l’appartement, il ne restait rien que des décombres. Mais la pièce intermédiaire n’avait pas trop pâti et il était facile de constater, au