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L’ÉCLAT D’OBUS

Corvigny n’a pas besoin d’être contrôlée. Qu’est-ce qu’il représentait, ce portrait ?

— Je te l’ai dit, une femme.

— Quelle femme ? Était-ce un tableau que mon père y avait mis, un des tableaux de sa collection ?

— Justement, affirma Paul, désireux de donner le change à son beau-frère.

Ayant écarté l’un des volets, il distingua sur la muraille nue le grand rectangle que le tableau recouvrait naguère, et il put se rendre compte, à certains détails, que l’enlèvement avait été précipité. Ainsi, le cartouche arraché du cadre gisait à terre. Paul le ramassa furtivement pour que Bernard ne vît pas l’inscription qui s’y trouvait gravée.

Mais comme il examinait plus attentivement le panneau et que Bernard avait décroché l’autre volet, il poussa une exclamation.

— Qu’y a-t-il ? dit Bernard.

— Là… tu vois… cette signature sur la muraille… à l’endroit même du tableau… Une signature et une date.

C’était écrit au crayon, en deux lignes qui rayaient le plâtre blanc à une hauteur d’homme. La date : mercredi soir, 16 septembre 1914. La signature : major Hermann.

Major Hermann ! Avant même que Paul en eût conscience, ses yeux s’accrochaient à un détail où se concentrait toute la signification de ces lignes, et, tandis que Bernard se penchait et regardait à son tour, il murmurait avec un étonnement sans bornes :

— Hermann… Hermine…

C’étaient presque les mêmes mots ! Hermine débutait par les mêmes lettres que le nom ou