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L’ENTHOUSIASME

raison ne s’opposait de la part d’Armande à ce que je la prisse comme confidente. Si ce désir ne se réalisait point, c’est que je goûtais aussitôt d’autres joies dont l’intensité atténuait le souvenir de la veille.

Les choses se compliquèrent. Cette année-là, par des motifs qu’il m’était facile de deviner, mère se prétendit lasse du séjour à Bellefeuille et accepta une invitation de Mme Landol, la sœur de Geneviève. Cette résolution ne dérangea point mes habitudes. La propriété se trouvant aux environs immédiats de Saint-Jore, je me rendais en ville le matin et en parlais à l’heure du diner.

Or, un soir de chaleur pesante, tandis qu’on s’attardait aux allées, je me glissai dans le salon, tirai plusieurs clefs de ma poche et les essayai toutes à la serrure d’une vitrine remplie de livres et de partitions. L’une d’elles s’adapta. Vivement je saisis un album de photographies et le feuilletai. À la seconde page il y avait un portrait de Mme Darzas.

Je le considérai longuement. Il datait d’autrefois, comme l’indiquait la mode de la coiffure et du corsage. La pose ne manquait ni d’affectation ni de ridicule, Mais c’était bien l’expression charmante de Geneviève, la gaité de ses lèvres et ses yeux souriants. Elle portait des boucles d’oreilles, ce à quoi, de mon temps, elle avait renoncé pour me plaire.

— Vous l’aimez donc toujours ?