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L’ENTHOUSIASME

plus la longueur de nos entretiens à la fièvre de mon regard, et je reprends où nous en sommes restés.

— Comment peux-tu dire que tu ne t’y opposeras plus ?

Elle m’observe attentivement. Je suis calme. Elle répond :

— J’ai tant souffert !

— Oui, tu as souffert autant par moi que je souffre par toi aujourd’hui.

— Oh ! je ne t’en ai jamais voulu, pas plus que tu ne m’en veux d’avoir retenu Geneviève. Nous avons agi tous les deux comme nous avons pu.

— En ce cas, ce que tu as fait contre moi, tu le referas, c’est inévitable.

— Non, Pascal, tu es libre, je te jure que je te laisserai libre.

— Pourquoi ?

— Parce que je reconnais que mon devoir a des limites, il s’arrête où commence ton droit.

— Mon droit !

— Oui, c’est moi qui parle ainsi ! c’est moi qui accorde des droits à ton amour ! Il y a longtemps déjà que je ne suis plus aussi convaincue, quoique ma conduite n’ait pas varié. Il y a longtemps que je ne t’accuse plus d’égoïsme ou de passion vulgaire, mais que je discerne le sentiment à la fois irraisonné et réfléchi qui t’emporte. Du jour où je me suis expliqué le motif de tes actes, je ne les ai plus considérés comme des actes de fou ou de cri-