Page:Leblanc - L'Enthousiasme, 1901.djvu/252

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
244
L’ENTHOUSIASME

— Sept heures, Pascal, Philippe va rentrer.

— Comme tu es tranquille !

— Tout m’est égal désormais, Philippe peut bien te voir !

— Tu ne dis pas un mot, Geneviève, pas un mot qui ne me frappe de bonheur.

Il y avait une certaine solennité entre nous. Nos yeux ne se quittaient pas.

— Le jour que tu fixeras, Geneviève, je serai à la gare, à quatre heures, j’aurai ton billet pour Paris, tu passeras tout droit. Mais quel jour ?

— Demain, dit-elle.

Je tombai à ses genoux :

— Demain ! tu veux bien demain ! je n’aurais pas cru si tôt… c’est trop… c’est trop… j’en ai mal…

J’embrassais passionnément l’étoffe de sa robe. Elle s’inclina et me baisa au front.

— Ne bouge pas, mon chéri.

Elle s’en alla, puis revint.

— Vite, j’ai éloigné les domestiques, les employés ne sont plus là. D’ailleurs, pour être plus sûr de ne rencontrer personne, passe par les magasins. Tout au fond il y a une porte qui sert très rarement, je l’ai découverte l’autre jour, la clef est accrochée au mur… va, mon chéri, dépêche-toi.

Dans le vestibule, je voulus l’embrasser. Elle me poussa vers le bureau de son mari.

— Non, demain, adieu… oh ! j’ai peur… si Philippe arrivait !