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L’ENTHOUSIASME

obscur dans une vaste pièce qui servait de lingerie. Elle en ferma la porte à clef, écouta un instant, puis, à bout de forces, tomba sur une chaise.

— Te voilà… te voilà… balbutia-t-elle, j’étais sûre que tu ne pourrais pas vivre sans moi… je n’ai pas cessé de t’attendre… Dès que Philippe sort, je me mets à la fenêtre… et te voilà… toi… mon Pascal.

Je m’emparai de ses lèvres, je l’étreignis passionnément.

— Tu m’aimes ? tu m’aimes comme tu m’as toujours aimé ?

— Bien plus… Oh ! tu as bien fait de venir… je n’en pouvais plus.

— Tu n’admets pas que nous nous séparions ?

— Non, mon chéri.

— Alors…

— Tais-toi, s’écria-t-elle vivement, la main sur ma bouche, je ne sais pas ce que tu vas exiger de moi, mais j’ai peur… laisse-nous un peu…

— Non, Geneviève, pas une minute, réponds, et puis non, il n’y a pas de réponse, il faut que cela soit… il faut que nous vivions ensemble.

Je sentis ses doigts qui se glaçaient, sa figure se contracta. Ce fut une autre personne, lointaine, inaccessible.

— Je savais que c’était cela, j’ai toujours su que tu finirais par me le demander…

Un long silence nous divisa. Je redoutais de l’in-