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L’ENTHOUSIASME

« Actuellement elle hésite, elle réfléchit. Ce jeune homme ne lui déplaît pas, j’en suis sûre, et elle sait en outre combien je souhaite une union qui présente tant d’avantages. Si aucune intervention étrangère ne pèse sur elle, nul doute qu’elle ne finisse par accepter. »

En post-scriptum, mère ajoutait :

« Quelle humiliation ! ta sœur devait chanter à la matinée des élèves de son professeur, Mlle Brénoge. Or, plusieurs dames ont déclaré que si Mlle Devrieux chantait, leurs filles se dispenseraient de venir. Mlle Brénoge sort d’ici, affolée, mais après m’avoir fait entendre qu’elle devait s’incliner devant leurs menaces. Il m’a fallu dévorer cet affront. Quant à Claire, on ne se figurerait même pas que cette question la concerne. Ah ! Pascal, laisse-moi réparer dans la mesure du possible tout ce que tu as fait, et sois persuadé que je ne te reprocherai pas les outrages que me valent tes inconséquences. Je te parle de celui-ci accidentellement, mais il y en a tant d’autres ! »

Mère se trompait ; ma sœur n’hésitait point à repousser cette union absolument disparate et qui n’offrait, une lettre d’elle m’en convainquit, aucune chance d’accord et de dignité. Cependant, en l’état de dépression physique et morale où l’avait mise la perte de Catherine, ne disposant point de ses ressources ordinaires de lucidité, de logique et d’examen, il était à craindre qu’elle ne cédât devant une volonté opiniâtre.