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L’ENTHOUSIASME

ses moindres recoins, et je n’ignorais rien des habitudes qui le régissaient. À droite de la cour d’entrée, se trouvait la loge du concierge, un vieillard infirme dont la fonction consistait à prévenir le domestique par un coup de timbre à l’arrivée de personnes étrangères. Mais souvent, d’un signe, les familiers de la maison le dispensaient de cette formalité. C’est ainsi que je pus, sans être annoncé, gagner le vestibule, au bas du grand escalier, et me jeter dans un couloir qui aboutissait à un jardin intérieur. Ce couloir, encombré de plantes, l’hiver, presque condamné, formait une retraite sûre.

Une à une trois dames, au-devant desquelles accourut le domestique, montèrent aux salons du premier étage. Une quatrième se présenta que n’avait point signalée le timbre. C’était Geneviève, je lui saisis la main et l’attirai dans l’ombre.

Elle ne poussa pas un cri, vivant toujours en l’attente énervée de ces alertes. Elle s’abandonna à l’étreinte de mes bras et à l’ardeur de ma bouche. Puis je la délivrai.

— Va, ne sois pas longue. Quand tu redescendras, arrange-toi pour être seule… à moins que tu ne préfères que je t’aborde… choisis.

Vingt minutes après, elle redescendit seule. Il y avait un banc de jardin derrière un groupe de palmiers. Je l’y assis et baisai encore ses lèvres inertes sans réussir à la ranimer. Et je lui dis :

— Tu viendras à la prochaine séance, n’est-ce pas ? sinon j’enverrai un commissionnaire te cher-