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L’ENTHOUSIASME

vis du monde, de te donner raison. Puisque tu as mis les gens au courant de ton intrigue, on saura que j’en ai horreur, que je déteste ta conduite, et que je te condamne absolument. Il faut qu’on le sache… tant pis pour toi…

— Hélas, mère, c’est à toi que tu fais mal… moi, l’opinion de Saint-Jore…

— Tu t’en moques toujours, n’est-ce pas ? et cependant si on t’accusait de mêler ta sœur à toutes ces malpropretés, tu ne serais pas très content, j’espère, du moins au point de vue de sa réputation à elle. Eh bien, on a vu Claire sortir de chez Geneviève à l’heure de sa leçon. De là à deviner toute la vérité, il n’y a pas loin. Que diras-tu, le jour où on te la lancera à la tête, cette vérité ?

— Une discussion est impossible entre nous, mère, tu ne songes qu’à ce que disent les autres, et moi, je ne veux pas m’y arrêter, je ne relève pas d’eux, je fais ce que je trouve bien.

— Alors tu trouves bien qu’un frère se serve de sa sœur ? Voyons, Pascal, il y a là une question de sentiment sur laquelle je t’interroge : sens-tu que tu as tort ou non. Réponds d’un mot.

— J’ai tort.

Ma franchise l’étourdit.

— En ce cas, pourquoi ?… si ta conscience…

— Ah ! ma conscience, elle parle de tant de façons que je m’y perds. Oui, il y en a une, celle que tu as développée, qui me désapprouve et qui