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L’ENTHOUSIASME

dames approchaient. Je reconnus Mme Landol. Elle conduisait mère de notre côté.

— Achetez-nous, Lucienne, l’entrain que ma sœur y met ne grossira pas beaucoup la recette.

Elle s’effaça, et ce n’est qu’à ce moment que mère nous aperçut.

Elle eut un geste de recul et, une seconde, l’idée de s’enfuir. Berthe s’écria gaiement :

— Eh bien, quoi, vous ne dites pas bonjour à Geneviève et à Pascal ?

Et elle la laissa seule avec son fils et la maîtresse de son fils, en présence d’un cercle de dames.

Qu’avons-nous dit ? quelle attitude gardions-nous ? Geneviève s’acharnait à couper les tiges de ses fleurs, mère ne bougeait pas. De moi-même, je n’eusse éprouvé aucune émotion, mais la peur de l’une et la honte de l’autre m’envahissaient.

— Donne-moi le bras, Pascal, et allons-nous-en, me dit mère, d’une voix impérieuse.

— Nous en aller ! quelle raison ?

— Je le veux, la situation ne peut durer.

— Quoi ! tu l’imagines un tas de choses… Qu’y a-t-il d’extraordinaire à ce que tu sois ici ? Mme Darzas est ton amie.

— Mais tu ne vois donc pas que nous sommes la risée de tous !

Geneviève balbutia :

— C’est à moi… à moi de m’en aller…

La malheureuse ! Comment en aurait-elle eu la force ?