celui dont s’animent ces coins de tristesse quand on les regarde avec des yeux heureux.
C’est là, à l’angle de deux allées qui s’y croisent, près de l’ogive d’une porte en ruines, c’est là que Geneviève m’apparut. Elle s’arrêta une seconde. J’eus le temps de discerner, sur sa figure pâlie, les trois ou quatre expressions qui s’y mêlaient, de l’épouvante, de la joie, de l’hésitation, et elle s’abattit contre ma poitrine.
— Oh ! mon chéri, quand tout cela finira-t-il ?
Je l’entraînai vers la terrasse. Il y avait sur un banc une femme du peuple autour de qui deux enfants confectionnaient des pâtés de sable, et, plus loin, le gardien du Clos et un vieillard qui devisaient. Nous nous assîmes tout au bout, à l’ombre d’un gros if. Devant nous, les toits de la vieille ville dégringolaient en plans heurtés jusqu’à la courbe de la rivière. À gauche, la colline se terminait presque droit par des éboulements de rochers, au pied desquels s’allongeait une esplanade qui suivait la rive de l’Orne et où la musique jouait le dimanche, pendant la belle saison. Le petit pont que Mme Darzas avait traversé aboutissait là. Nous le dominions entièrement ainsi que le pont principal.
Derrière nous, le vieux jardin morne étendait des espaces de sécurité qui nous protégeaient contre l’arrivée d’un ennemi. Les gens se rendent toujours aux endroits de laideur certaine et de pittoresque officiel, et ne se plaisent point à la mélancolie de